vins loire layon vin liquoreux coteaux moelleux botrytis chaptalisation gastronimie, maine et loire appelation france rouge ajou blanc chaudefonds sur layon baudouin patrick bouteille les vins bio liens pourriture noble chronique distribution vendanges vins rouges village vins de Loire vins d'anjou maine et loire chaudefonds-sur-layon
 
Coteaux du Layon
 

LE TERROIR DES COTEAUX DU LAYON
 
 


La définition d'un terroir ne peut se limiter, de toute façon, à l'analyse du sol et du sous-sol. Mais dans le cas des liquoreux botrytisés, à partir du moment où on les obtient par concentration naturelle, la compréhension du terroir, et de son expression dans le vin, ne peut se passer de la pleine intégration du botrytis et de son action sur les baies…Par rapport à l'approche courante du terroir pour les vins secs, ici on a un élément supplémentaire (et d'une puissance extraordinaire) qu'il est indispensable d'intégrer, sous peine de contresens.
C'est pour cette raison que les Coteaux du Layon sont un terroir exceptionnellement favorable aux liquoreux botrytisés de chenin. Une faille de 60km de long, orientée est ouest, s'est crée sur la fin du socle primaire armoricain, en limite nord de la vigne. Le sous-sol est schisteux, gréseux, avec des roches volcaniques, des roches issues du carbonifère ; le sol qui en est issu est peu profond dans les zones d'appellation. L'influence océanique est marquée : proximité de l'océan atlantique, ouverture du paysage à l'ouest, par la Loire ; hygrométrie favorable au botrytis à l'automne, au moment des marées d'équinoxe. Par contre, la pluviométrie moyenne est faible, car des reliefs au sud du Layon, et un système de vent particulier, créent un micro-climat avec même des zones de végétation quasi méditerranéenne. La vallée du Layon favorise l'accumulation de chaleur en été, les pentes Nord exposées au Sud étant particulièrement ensoleillées. Les coteaux sont entourés par la Loire et le Layon, ce qui favorise également les brumes automnales et donc le botrytis. Le vent constant venant de l'ouest et amplifié par cette topographie particulière (une ligne de coteaux entre deux fleuves) permet une concentration puissante des raisins botrytisés.


 
 

SITUATION DES PARCELLES
Mes parcelles de chenin sont essentiellement sur 3 communes : Chaudefonds sur Layon, Saint Aubin de Luigné, Rochefort sur Loire. La plupart en coteaux sur la rive nord du Layon, exposées donc au sud, mais aussi deux belles parcelles rive sud à St Aubin. La parcelle de Rochefort est située à mi-pente (douce) sur le versant nord de la ligne de coteaux, face à Savennières. Elles sont donc la plupart sur des schistes gréseux, des sols peu profonds, bien drainés, et ont un fort potentiel de botrytisation.


 
 

VENDANGES
Généralement de début octobre à fin novembre, par tries successives. Les vendangeurs cueillent grain par grain et passent de quatre à six fois dans chaque parcelle, au fur et à mesure de l'évolution de la botrytisation et de la concentration des raisins.

 

 
    VINIFICATIONS
Pressurage lent. Débourbage assez léger, selon les années. Fermentations naturelles, longues, en barriques (neuves et de un ou plusieurs vins) ou partiellement en cuve, selon les moûts et les années. Pas de chaptalisation, évidemment. Je laisse les moûts aller au bout de leur potentiel fermentaire naturel. Soutirage et mutage au soufre. Elevage de 18 mois. Filtration tangentielle avant la mise.

CUVEES
Variables selon les années (lire "Dixièmes vendanges"). La prise en compte de la botrytisation dans la définition du terroir, et ses conséquences sur les vendanges, m'ont amené à raisonner mes assemblages très différemment que s'il s'agissait de vin blanc sec. En effet, le critère de cueillette du raisin étant un état de botrytisation aussi homogène que possible, il est très fréquent de parcourir plusieurs parcelles dans une même journée, pour faire un seul pressoir le soir. Si le millésime le permet, je peux faire différentes cuvées assemblées selon un niveau et une qualité (aromatique) de botrytisation particuliers à chaque trie (95, 96, 97). Si le millésime est plus difficile (98/99), arriver à un potentiel moyen de 21% demande déjà un très gros travail, et la gamme aromatique de botrytisation n'est pas forcément assez large pour valoriser spécifiquement telle ou telle trie, à mon avis. Par contre, la diversité relative des parcelles (une parcelle peut elle-même, sur 50mètres, passer des schistes au carbonifère, en passant par les quartzites siliceuses), complexifie la cuvée obtenue, sur la base d'une forte unité de terroir : le socle primaire armoricain, le chenin, le botrytis.
 
  APRES MINUIT 97
Deuxième trie, mi-octobre, de 1997, millésime exceptionnel dans la Loire. Grains botrytisés extrèmement confits, d'une concentration extraordinaire. Un vin rare, impossible à faire tous les ans. Epuisé au domaine
 
  MARIA JUBY 97
troisième trie, fin octobre. Botrytisation régulière, puissante, saine, concentrations impressionnantes. La cuvée Maria Juby ne peut non plus être réalisée tous les ans, il n'y en a pas en 1998 et 1999. Epuisé au domaine
 
  GRAINS NOBLES 1997
Quatrième trie, début novembre, à 21% potentiels. Bel équilibre, plus "classique". Epuisé au domaine.
 
  LES BRUANDIERES 1997
Dernière trie, finie le 25 novembre. Vendange à net des parcelles d'un très beau coteau de St Aubin de Luigné. Les raisins allaient des baies botrytisées en train de sécher, aux dorées, pleines, mouchetées d'ultimes attaques de botrytis. Degré potentiel : 17.5%.
Epuisé au domaine.
 
  GRAINS NOBLES 1998
Le millésime 1998 a été très difficile dans le Layon. Mon SGN 98 est toute ma vendange de chenin, l'assemblage des tries d'octobre à novembre, de 17.5% à 25% potentiels, à une moyenne de 21%. Pour l' obtenir, nous avons éliminé tout ce qui n'était pas pourriture noble…Le volume de.mon Layon 98 représente le quart de mes Layons 97..
Elevage de 18mois, pour moitié en barriques neuves, et barriques de 2 et 3 vins.
 
    ACCORDS
à mon goût, ces vins sont trop riches en apéritifs "classiques". Ils peuvent par contre se déguster pour eux-mêmes, en bonne compagnie, à différents moments de la journée, ou de la nuit…Ils sont aussi des vins de méditation…
 
    APRES MINUIT 97
comme je l'ai nommé ! ne peut s'accorder qu'avec…l'instant, l'émotion du moment, c'est un vin de dégustation, de méditation, de plaisir (bien) partagé. Il s'apprécie lentement , pour lui-même, et la communion qu'il peut susciter, et accompagner…
 
    MARIA JUBY 97
à table, peut remarquablement s'accorder avec des viandes blanches, des volailles rôties, des poissons, cuisinés avec des épices orientales, en sucré-salé….Egalement avec des desserts particuliers, peu riches en sucres, mais épicés (pain d'épices, abricots, mangues…). Ou aussi après le repas, très tard, pour lui-même…
 
    GRAINS NOBLES
mêmes accords globalement que Maria Juby, mais sans l'extravagance de cette cuvée.
 
   

LES BRUANDIERES 97
bien sûr cette cuvée est moins rôtie, opulente, que ses grandes sœurs de 97, mais elle n'en demeure pas moins très riche, elle n'a rien d'un demi-sec ! (100g/l de sucres résiduels)…Elle est moins marquée par les arômes donnés par le botrytis au stade confit…
Comme je le développe dans "Dixièmes vendanges", je pense que la plupart du temps on se trompe sur les accords avec les liquoreux, car on raisonne plus sucre qu'arômes, texture…Avec les liquoreux naturels, il faut sortir des sempiternels "vins d'apéritifs", "vins de desserts", "vins pour le foie gras". Il faut partir du confit, des agrumes, des abricots, du coing, de la rhubarbe parfois, de leur grande complexité, tenir compte aussi de leur acidité naturelle, de leurs tanins (e h oui, le chenin est tannique..), et enfin bien sûr de la liqueur. De multiples accords sont possibles à table, et pour moi il est tout à fait réjouissant (essayé et approuvé) de faire tout un repas avec des liquoreux…

Histoire de vous aider à libérer votre imagination dans ce domaine, je reproduis ici le menu -et ses accords- d'un repas "Petits plats et vins moelleux" échafaudé fin 98 par Gérard BOSSE, chef du restaurant "Les Tonnelles" (49170 Behuard).

 
   
Consommé brunoise   Tokaji 4 puttonyos 1993 Disnokö
Noix de St Jacques au caramel d'orange   Vouvray Le Bourg 1985 Huet
Langoustines rôties   Bonnezeaux 1994 Mark Angeli
Lapereau confit aux chanterelles   Coteaux du Layon 1989 Domaine de la Bergerie
Foie gras en gelée   Sauternes Haut Bergeron 1988
Suprême de pintade fermière farcie   Coteaux du Layon Bonnes Blanches 1995 Jo Pithon
Sauté de filet mignon   Coteaux du Layon Maria Juby 1994 P Baudouin
Fromages   Jurançon 1996 cuvée Thibault Pascal Labasse
Une gourmandise purée d'abricots gratinée à la crème d'amande   Burg 1990 Riesling M Deiss 1990
Puis une autre ! poire rôtie au beurre salé et tuile à l'orange confite   Coteaux du Layon "cuvée Louis" 1990 Dominique Jaudeau
 
     
   

Plus quelques autres petits flacons de liquoreux pour bien finir la soirée, car nous étions loin d'avoir fait le tour des liquoreux de la planète, et apparemment personne n'avait le palais anesthésié par "le sucre"…!

Il y a aussi une autre grande famille de cuisine avec laquelle des accords splendides sont possibles : c'est la cuisine asiatique, ses épices, le sucré-salé.