 |
 |
LE TERROIR DES COTEAUX DU LAYON |
|
|
 |
La définition d'un terroir ne peut se limiter, de toute façon,
à l'analyse du sol et du sous-sol. Mais dans le cas des liquoreux
botrytisés, à partir du moment où on les obtient
par concentration naturelle, la compréhension du terroir,
et de son expression dans le vin, ne peut se passer de la pleine
intégration du botrytis et de son action sur les baies
Par
rapport à l'approche courante du terroir pour les vins secs,
ici on a un élément supplémentaire (et d'une
puissance extraordinaire) qu'il est indispensable d'intégrer,
sous peine de contresens.
C'est pour cette raison que les Coteaux du Layon sont un terroir
exceptionnellement favorable aux liquoreux botrytisés de chenin.
Une faille de 60km de long, orientée est ouest, s'est crée sur la
fin du socle primaire armoricain, en limite nord de la vigne. Le
sous-sol est schisteux, gréseux, avec des roches volcaniques, des
roches issues du carbonifère ; le sol qui en est issu est peu profond
dans les zones d'appellation. L'influence océanique est marquée
: proximité de l'océan atlantique, ouverture du paysage à l'ouest,
par la Loire ; hygrométrie favorable au botrytis à l'automne, au
moment des marées d'équinoxe. Par contre, la pluviométrie moyenne
est faible, car des reliefs au sud du Layon, et un système de vent
particulier, créent un micro-climat avec même des zones de végétation
quasi méditerranéenne. La vallée du Layon favorise l'accumulation
de chaleur en été, les pentes Nord exposées au Sud étant particulièrement
ensoleillées. Les coteaux sont entourés par la Loire et le Layon,
ce qui favorise également les brumes automnales et donc le botrytis.
Le vent constant venant de l'ouest et amplifié par cette topographie
particulière (une ligne de coteaux entre deux fleuves) permet une
concentration puissante des raisins botrytisés.
|
|
|
 |
SITUATION DES PARCELLES
Mes parcelles de chenin sont essentiellement sur 3 communes : Chaudefonds
sur Layon, Saint Aubin de Luigné, Rochefort sur Loire. La
plupart en coteaux sur la rive nord du Layon, exposées donc
au sud, mais aussi deux belles parcelles rive sud à St Aubin.
La parcelle de Rochefort est située à mi-pente (douce)
sur le versant nord de la ligne de coteaux, face à Savennières.
Elles sont donc la plupart sur des schistes gréseux, des
sols peu profonds, bien drainés, et ont un fort potentiel
de botrytisation.
|
|
|
 |
VENDANGES
Généralement de début octobre à fin novembre, par tries successives.
Les vendangeurs cueillent grain par grain et passent de quatre à
six fois dans chaque parcelle, au fur et à mesure de l'évolution
de la botrytisation et de la concentration des raisins.
|
|
|
|
VINIFICATIONS
Pressurage lent. Débourbage assez léger, selon les
années. Fermentations naturelles, longues, en barriques (neuves
et de un ou plusieurs vins) ou partiellement en cuve, selon les
moûts et les années. Pas de chaptalisation, évidemment.
Je laisse les moûts aller au bout de leur potentiel fermentaire
naturel. Soutirage et mutage au soufre. Elevage de 18 mois. Filtration
tangentielle avant la mise.
CUVEES
Variables selon les années (lire "Dixièmes vendanges").
La prise en compte de la botrytisation dans la définition
du terroir, et ses conséquences sur les vendanges, m'ont
amené à raisonner mes assemblages très différemment
que s'il s'agissait de vin blanc sec. En effet, le critère
de cueillette du raisin étant un état de botrytisation
aussi homogène que possible, il est très fréquent
de parcourir plusieurs parcelles dans une même journée,
pour faire un seul pressoir le soir. Si le millésime le permet,
je peux faire différentes cuvées assemblées
selon un niveau et une qualité (aromatique) de botrytisation
particuliers à chaque trie (95, 96, 97). Si le millésime
est plus difficile (98/99), arriver à un potentiel moyen
de 21% demande déjà un très gros travail, et
la gamme aromatique de botrytisation n'est pas forcément
assez large pour valoriser spécifiquement telle ou telle
trie, à mon avis. Par contre, la diversité relative
des parcelles (une parcelle peut elle-même, sur 50mètres,
passer des schistes au carbonifère, en passant par les quartzites
siliceuses), complexifie la cuvée obtenue, sur la base d'une
forte unité de terroir : le socle primaire armoricain, le
chenin, le botrytis.
|
|
 |
|
 |
APRES
MINUIT 97
Deuxième trie, mi-octobre, de 1997, millésime exceptionnel
dans la Loire. Grains botrytisés extrèmement confits, d'une concentration
extraordinaire. Un vin rare, impossible à faire tous les ans. Epuisé
au domaine
|
|
 |
|
 |
MARIA
JUBY 97
troisième trie, fin octobre. Botrytisation régulière, puissante,
saine, concentrations impressionnantes. La cuvée Maria Juby ne peut
non plus être réalisée tous les ans, il n'y en a pas en 1998 et 1999.
Epuisé au domaine
|
|
 |
|
 |
GRAINS NOBLES
1997
Quatrième trie, début novembre, à 21% potentiels.
Bel équilibre, plus "classique". Epuisé au
domaine. |
|
 |
|
 |
LES BRUANDIERES
1997
Dernière trie, finie le 25 novembre. Vendange à net
des parcelles d'un très beau coteau de St Aubin de Luigné.
Les raisins allaient des baies botrytisées en train de sécher,
aux dorées, pleines, mouchetées d'ultimes attaques de
botrytis. Degré potentiel : 17.5%.
Epuisé au domaine. |
|
 |
|
 |
GRAINS NOBLES
1998
Le millésime 1998 a été très difficile
dans le Layon. Mon SGN 98 est toute ma vendange de chenin, l'assemblage
des tries d'octobre à novembre, de 17.5% à 25% potentiels,
à une moyenne de 21%. Pour l' obtenir, nous avons éliminé
tout ce qui n'était pas pourriture noble
Le volume de.mon
Layon 98 représente le quart de mes Layons 97..
Elevage de 18mois, pour moitié en barriques neuves, et barriques
de 2 et 3 vins.
|
|
 |
|
|
ACCORDS
à mon goût, ces vins sont trop riches en apéritifs
"classiques". Ils peuvent par contre se déguster
pour eux-mêmes, en bonne compagnie, à différents
moments de la journée, ou de la nuit
Ils sont aussi des
vins de méditation
|
|
 |
|
|
APRES
MINUIT 97
comme je l'ai nommé ! ne peut s'accorder qu'avec…l'instant,
l'émotion du moment, c'est un vin de dégustation, de méditation, de
plaisir (bien) partagé. Il s'apprécie lentement , pour lui-même, et
la communion qu'il peut susciter, et accompagner… |
|
 |
|
|
MARIA
JUBY 97
à table, peut remarquablement s'accorder avec des viandes blanches,
des volailles rôties, des poissons, cuisinés avec des épices orientales,
en sucré-salé….Egalement avec des desserts particuliers, peu riches
en sucres, mais épicés (pain d'épices, abricots, mangues…). Ou aussi
après le repas, très tard, pour lui-même… |
|
 |
|
|
GRAINS NOBLES
mêmes accords globalement que Maria Juby, mais sans l'extravagance
de cette cuvée. |
|
 |
|
|
LES BRUANDIERES 97
bien sûr cette cuvée est moins rôtie, opulente,
que ses grandes surs de 97, mais elle n'en demeure pas moins
très riche, elle n'a rien d'un demi-sec ! (100g/l de sucres
résiduels)
Elle est moins marquée par les arômes
donnés par le botrytis au stade confit
Comme je le développe dans "Dixièmes vendanges",
je pense que la plupart du temps on se trompe sur les accords avec
les liquoreux, car on raisonne plus sucre qu'arômes, texture
Avec
les liquoreux naturels, il faut sortir des sempiternels "vins
d'apéritifs", "vins de desserts", "vins
pour le foie gras". Il faut partir du confit, des agrumes,
des abricots, du coing, de la rhubarbe parfois, de leur grande complexité,
tenir compte aussi de leur acidité naturelle, de leurs tanins
(e h oui, le chenin est tannique..), et enfin bien sûr de
la liqueur. De multiples accords sont possibles à table,
et pour moi il est tout à fait réjouissant (essayé
et approuvé) de faire tout un repas avec des liquoreux
Histoire de vous aider à libérer
votre imagination dans ce domaine, je reproduis ici le menu -et
ses accords- d'un repas "Petits plats et vins moelleux"
échafaudé fin 98 par Gérard BOSSE, chef du
restaurant "Les Tonnelles" (49170 Behuard).
|
|
 |
|
|
Consommé brunoise |
|
Tokaji 4 puttonyos 1993
Disnokö |
Noix de St
Jacques au caramel d'orange |
|
Vouvray Le Bourg 1985 Huet |
Langoustines rôties |
|
Bonnezeaux 1994 Mark Angeli |
Lapereau confit
aux chanterelles |
|
Coteaux du Layon 1989 Domaine
de la Bergerie |
Foie gras en
gelée |
|
Sauternes Haut Bergeron
1988 |
Suprême
de pintade fermière farcie |
|
Coteaux du
Layon Bonnes Blanches 1995 Jo Pithon |
Sauté
de filet mignon |
|
Coteaux du Layon Maria Juby
1994 P Baudouin |
Fromages |
|
Jurançon
1996 cuvée Thibault Pascal Labasse |
Une gourmandise
purée d'abricots gratinée à la crème
d'amande |
|
Burg 1990 Riesling
M Deiss 1990 |
Puis une autre
! poire rôtie au beurre salé et tuile à
l'orange confite |
|
Coteaux du
Layon "cuvée Louis" 1990 Dominique Jaudeau
|
|
|
|
|
 |
|
|
|
Plus quelques autres petits flacons de liquoreux
pour bien finir la soirée, car nous étions loin d'avoir
fait le tour des liquoreux de la planète, et apparemment
personne n'avait le palais anesthésié par "le
sucre"
!
Il y a aussi une autre grande famille de cuisine avec laquelle des
accords splendides sont possibles : c'est la cuisine asiatique,
ses épices, le sucré-salé.
|
|
|
|
 |
|
|
 |
 |
|
|
 |